UNE GOUTTE D'EAU DANS L'OCEAN

Ce soir, en découvrant avec curiosité le blog d’un célèbre psychiatre, j’ai réalisé que je n’avais pas écrit sur le mien depuis longtemps. Depuis des mois en fait. Cinq, précisément. J’ai trouvé ça énorme.

Alors je me suis demandé ce qu’il s’était passé pendant ces cinq mois pour que je n’écrive rien. Rien de rien.

D’abord, j’ai fini mon deuxième roman, « Ne sois pas trop sage ». Je l’ai écrit en deux mois (toujours en plus du travail, de la famille, des vacances et des amis), alors évidemment, je n’avais pas la tête à écrire autre chose. Et puis je me suis dit que je n’avais pas vraiment le temps pour le faire non plus.

Ensuite, j’ai été très occupée. La rentrée, la surcharge de travail, les problèmes des enfants, les problèmes de boulot, les week-ends à courir, tous ces gens qu’on doit voir et qu’on case tant bien que mal dans son agenda… Bref, la liste est longue.

C’est vrai que ma vie a été bien remplie ces cinq derniers mois. Elle va continuer à l’être d’ailleurs car je suis faite comme ça, à faire mille choses à la fois. Alors non, ce n’est pas ça. Le manque de temps n’y est pour rien.

La vérité, c’est que je n’ai pas eu le courage de le faire. Pas parce que je ne sais pas quoi dire, ni comment le dire. Mais plutôt parce que je me dis que tout cela n’a pas grand intérêt. Parce que, un peu comme beaucoup d’entre vous, j’aimerais changer le monde, faire du bien, faire rêver, faire ressentir, faire frissonner… Faire sourire. Et parce que, comme beaucoup d’entre vous, je me dis que je ne suis qu’une petite goutte d’eau de rien du tout dans un océan trop souvent tourmenté. Et que c’est fatiguant de nager à contre-courant. Et que cela ne sert à rien.

Faire du bien, faire sourire… C’est précisément pour ces raisons que j’écris. Sauf que j’écris pour qui ? Pour dix, vingt, trente personnes. Cinquante peut-être. Une petite goutte d’eau de rien du tout je vous disais…

Et puis je me suis demandé quelle était la différence entre le blog de ce psychiatre et le mien. Il y en a des tonnes évidemment. Et l’une d’elles est qu’il est célèbre et moi non. Alors bien-sûr, quand il écrit, c’est pour des milliers de personnes. La goutte d’eau est déjà plus grosse…

Et puis finalement, je me suis dit que lui aussi, il avait dû commencer avec dix, vingt, trente personnes. Lui aussi il a dû se dire que tout cela ne servait à rien. Et pourtant il a continué. Et aujourd’hui il inspire des milliers de personnes. Il fait du bien, il fait sourire. Et moi avec.

Je ne serai sans doute jamais célèbre. Et tant pis. Ou tant mieux je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est qu’en étant une toute petite goutte de rien du tout, on peut quand même faire du bien autour de soi. On peut faire sourire ceux qui sont tout près. Et c’est déjà pas si mal.

Alors c’est décidé, je vais continuer. Parmi tous mes projets, parmi tous mes rêves, je vais continuer celui-là. Même si ça ne mène à rien, même si ce n’est que pour un lecteur, même si ce n’est que pour un sourire, un frisson, une émotion. Parce que ce sourire, ce frisson, cette émotion, ce sont eux qui auront rendu un peu plus vivant celui qui les aura vécus. Et c’est ça qui est important.

Bonne nuit petites gouttes d'océan...