LES MATINS ROSES ET GRIS
Le jour se lève.
Ou presque.
Le ciel est rose et gris.
J'ouvre les yeux.
Je regarde l'heure et les battements de mon cœur s'accélèrent. Comme s'il sortait de veille. Comme s'il se remettait en route pour affronter cette journée qui pointe timidement le bout de son nez.
Je pense à la (trop) longue liste de ce que j'ai à faire aujourd'hui. Attraper le bus de 7h15, mettre un paquet de mouchoirs dans mon sac, répondre à un mail reçu deux semaines plus tôt, acheter du lait, réussir cette réunion, déjeuner avec cet ami pas vu depuis longtemps, partir tôt du bureau pour aller chercher les enfants, préparer le diner, étendre la lessive, passer une bonne soirée, sourire, faire semblant un peu aussi...
Une vague d'oppression monte depuis mon ventre jusqu'à mes tempes.
Ma respiration s'accélère.
Mon cœur cogne un peu plus fort.
Je me dis qu'un jour je n'arriverai plus à me lever.
Je ferme les yeux.
Je respire.
De tout mon corps.
Je sens les noeuds dans mon ventre se desserrer un peu.
Mon cœur retourne à sa place.
J'essaie de penser à autre chose. A ce qu'il y aura de bien dans ma journée. Parce que sinon le négatif prendra toute la place.
Je sais que ce qu'il y aura de bien dans cette journée est déjà là.
Dans ce jour qui se lève.
Dans ce rose et ce gris.
Dans cette nouvelle chance qui m'est donnée de vivre.
De faire des choix. D'honorer mes rêves. De m'écouter au lieu d'écouter ceux qui croient savoir pour moi. De choisir comment vivre chaque instant plutôt que de le subir. D'avoir le courage de saisir cette chance pour faire ce que j'ai toujours voulu faire. Parce qu'il est rarement trop tard.
Alors seulement, je me lève.
Ma journée commence.
Une de plus.
Une journée de plus pour se rapprocher de soi.