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S'ARRETER... RESPIRER...


J'ai pris cette photo au détour d'une marche matinale sous le soleil de la fin mars.

J'aime marcher. Seule de préférence. Seule avec mes pensées, mes soucis, mes joies, mes émotions, mes préoccupations du moment. Je peux marcher pendant des heures sans ressentir de fatigue ni de lassitude. Je rentre parce que j'ai mille choses à faire et que le quotidien ne me laisse pas de plus long répit. Mais je pourrais continuer tant cette sensation est positive pour moi.


Avant je marchais pour faire du sport. Parce que courir ne m'a pas toujours été autorisé et que la marche a ses propres vertus. Et aussi parce que c'est simple et facilement accessible.

Aujourd'hui, en évoluant, en travaillant sur moi-même et en continuant à découvrir, j'appréhende la marche un peu différemment. Plutôt comme un moment de méditation, de recentrage. Un moment lors duquel je me retrouve.

La marche de ce matin-là en a été la parfaite illustration.


Je suis partie sous le soleil et dans le froid. La température ne dépassant pas les six degrés, j'ai accéléré la cadence pour me réchauffer. Mes muscles se sont mobilisés, mon souffle a trouvé son rythme et mon corps s'est peu à peu assoupli. Ma foulée était rapide et j'ai fait un premier tour de lac sans presque m'en apercevoir, habitée par mes pensées et mes soucis de performance. J'avais décidé de faire dix kilomètres et je me demandais si j'aurais le temps et comment j'allais pouvoir organiser le reste de ma journée si c'était le cas. Et puis je pensais à mon travail, aux mails auxquels je devais répondre, aux rendez-vous que j'avais à prendre et à tout ce que j'avais à FAIRE.


Et puis en tournant autour de ce lac, j'ai fini par me trouver face au soleil. Il était bas, à peine encore accroché dans le ciel. Pourtant, je pouvais déjà sentir sa chaleur.


Alors je me suis arrêtée, au milieu de cette allée au revêtement blanc. J'ai relevé mes lunettes de soleil sur le haut de ma tête, j'ai tourné le visage vers le soleil et j'ai fermé les yeux. J'ai laissé la chaleur timidement printanière pénétrer ma peau et envahir mon corps tout entier. Je suis restée ainsi quelques secondes, ou quelques minutes je ne sais pas. Toujours est-il qu'au moment où j'ai ouvert les yeux, j'ai réalisé qu'avant de m'arrêter, j'avais marché trois kilomètres sans même m'en apercevoir. Parce que j'étais absorbée par tout sauf ma marche. J'ai trouvé que c'était dommage de ne pas profiter de cet instant de plénitude, de bien-être, moi qui ai tant besoin de solitude.


Alors j'ai décidé d'être. Pas de faire, mais d'ETRE. Au moins le temps d'aller jusqu'au bout de cette longueur de lac. Après on verrait bien.

Ça n'a l'air de rien dit comme ça. Mais je vous promets que simplement "être" change pas mal de choses.


Je me suis remise en route, plus doucement d'abord. J'ai prêté attention au bruit de mes pas sur le sol. A ce crissement des quelques graviers sous mes chaussures. Puis je me suis concentrée sur la sensation de mes pieds sur le sol, de la plante des pieds, de chacun de mes orteils, de l'articulation des chevilles. Et puis, tout en accélérant pour retrouver mon rythme de croisière, mon attention s'est portée sur mes mollets, mes genoux, mes cuisses, mon dos, et ainsi de suite.

Et puis j'ai observé tout ce qui se trouvait autour de moi.

La lumière d'abord. Cette lumière à l'éclat typique des premiers jours de printemps. Celle qui éclaire plus fort, qui réchauffe quand il fait encore froid, qui redonne un coup de fouet quand l'hiver s'est chargé de ratatiner les envies.

J'ai regardé les arbres et j'ai vu des bourgeons, et même quelques feuilles à peine écloses, comme encore enroulées sur elles-mêmes.

J'ai respiré avec ça. Avec ce soleil encore timide, avec ces arbres en plein réveil. Je me suis sentie comme cette nature de printemps qui émerge d'un long sommeil.


Notre sommeil à nous c'est notre quotidien. Ce sont nos préoccupations, nos obligations, nos soucis, nos inquiétudes, nos angoisses, notre agenda. Tout ce qui se matérialise par des pensées perpétuelles. Alors on écrit des listes de choses à faire, on s'envoie des messages pour penser à faire ceci ou cela, on passe nos journées à courir, on se pose mille questions. Et on compense. Par la nourriture, par la télévision, par les heures sur nos smartphones. Tout ça parce qu'en faisant on a oublié d'être. On a oublié de vivre.


C'est ce que j'ai expérimenté ce matin-là. Faire mes dix kilomètres tout en organisant mentalement le reste de ma journée pour avoir une chance de rayer chaque ligne de ma to-do list, alors que j'avais la chance d'être dans la nature, au calme, seule. J'aurais pu être en réunion au bureau, ou coincée dans le métro, ou au supermarché. Mais non, j'étais dans une situation et un environnement privilégiés et je n'en profitais pas, alors qu'au fond ce n'était pas si compliqué.


Être, c'est ressentir.

Être, c'est sentir la vie dans son corps.

Être, c'est rester avec soi.

À chaque instant.


Respirer et en être conscient.

Regarder autour de soi en regardant vraiment.

Sentir chaque odeur, écouter chaque bruit, toucher comme si c'était la première fois.


C'est simple et compliqué à la fois.


Bien-entendu on ne peut pas être dans cette conscience à longueur de journée. Notre quotidien est là avec sa dose de choses à accomplir. Même si en être conscient est déjà beaucoup, s'arrêter un instant pour respirer et ressentir pleinement chaque seconde est précieux.

Dire stop, même pour un très court moment.

Être simplement là, dans le présent, parce que rien d'autre n'existe et que le passé et le futur ne sont qu'illusions.

Faire une pause pour son corps, pour son esprit, pour soi et pour les autres aussi.


Il paraît que si là méditation était enseignée aux enfants la violence disparaîtrait de cette planète dans trois générations.

Je ne sais pas si c'est vrai ou pas, mais je me dis que commencer par retirer un peu de la violence de son quotidien à soi est déjà un joli pas.

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