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CHRONIQUES DU QUOTIDIEN TRANSILIEN



A première vue, cette chronique s'adresse plutôt aux habitués des transports parisiens. Quoique... En vérité, elle s'adresse à tous, car elle est aussi le reflet de la vie en communauté, de la vie tout court.


Chaque matin, et chaque soir, j'emprunte la très (trop ?) célèbre ligne A du RER. J'aimerais vous en dresser un portrait élogieux, mais je ne vais pas vous mentir, il y a des jours où il m'est bien difficile de voir le côté positif de la chose. Cela dit, après une bonne douzaine d'années de RER, le petit plaisir qui anime mes trajets et qui les rend infiniment plus savoureux demeure : observer autour de moi. Le RER, comme pas mal d'autres transports en commun d'ailleurs, est à mon sens un bel échantillon de l'écosystème français. On y croise du monde (beaucoup de monde...) et forcément, il y a de tout. Le jeune cadre dynamique qui part travailler, la famille de touristes perdue quelque part entre la Tour Eiffel et Disneyland, l'étudiant stressé qui révise compulsivement avant l'examen de sa vie, la maman qui accompagne ses enfants à l'école, les copines pomponnées en vue de leur journée shopping, l'étudiant pas tout-à-fait réveillé et encore imbibé de la soirée de la veille, le type qui zone dans les wagons en trainant derrière lui des effluves d'alcool et de pas lavé. Bref, la liste est longue.

Mais voilà, si je devais résumer mes aventures quotidiennes en RER en n'en retenant que l'essentiel, je dirais que le RER c'est...


Le RER, c'est l'endroit où n'a pas vraiment envie d'être juste après avoir quitté la douceur de sa maison. C'est le bruit, les gens qui font la tête, la promiscuité, la crasse, les malaises voyageurs, la chanson qu'on déteste et qu'on va fredonner toute la journée parce que notre voisin de siège a poussé à fond le volume de son lecteur MP3, les gens collés à leur smartphone et qui semblent ignorer le monde qui les entoure, les touristes qui ne savent pas où caser leurs valises, le type qui garde coûte que coûte son sac sur son dos, celui qui vomit dans des effluves d'alcool, le gamin qui hurle et le père qui hurle encore plus fort, ceux qui massacrent Brel à l'accordéon, les gens qui nous écrasent les pieds parce qu'ils manquent de tomber à chaque freinage... Pas très poétique, mais bien réel...


Cela dit, le RER, c'est aussi une bonne dose d'insolite. Comme cet homme qui monte dans la rame avec une palette sous le bras (oui, vous avez bien lu, une palette en bois, comme dans les entrepôts) et qui finit par s'endormir dessus. Ou cette femme en collants résille qui occupe son trajet en transformant ses bulletins de Keno en origamis...


Et puis le RER, c'est aussi des moments mémorables. Des petits instants de plaisir, des minutes arrachées à la course du temps, des secondes de douceur qui vous emmènent hors du monde.

Le RER, c'est de belles rencontres, le sens de l'humour de certains conducteurs qui parviennent à faire rire un wagon entier alors qu'on est en pleine galère, le jeune homme qui te dit que tu es charmante juste pour le plaisir et sans te faire l'offense de te demander ton numéro de téléphone (parce qu'il a compris que c'était fichu d'avance), ton voisin qui te tend timidement un mouchoir parce que tu pleures, toi qui tends un mouchoir parce que le petit assis devant toi pleure et que sa mère est trop absorbée par Candy Crush pour s'en apercevoir, l'étudiante qui dessine avec une justesse et une facilité déconcertantes le visage d'un homme debout à côté de toi (et tout cela à son insu et sur un morceau de papier déchiré), la solidarité quand tout est bloqué, des heures et des heures de lecture, le type qui te dit que s'il ne se marie pas avec toi il ne s'en remettra jamais (et tous les gens autour qui sourient de l'entendre dire), la femme qui chante Elton John avec tellement de coeur que les gens autour de toi se mettent à sourire...


Je pourrais continuer la liste encore longtemps, juste pour le plaisir de me souvenir de tous ces moments. Car finalement, oui, le RER c'est la galère. Oui, on s'en passerait volontiers. Et oui, on préfèrerait prendre sa voiture ou son vélo pour aller travailler à cinq minutes de chez soi. Mais avouez, ce serait aussi passer à côté de tous ces petits moments. Et mine de rien, ce sont ces petits moment sont de vrais rayons de soleil. Ce sont ces instants de rien du tout qui font qu'on arrive au travail avec le sourire ou que le stress d'une journée s'apaise un peu.


Alors le RER c'est ça, beaucoup de quotidien, un peu de délice, et parfois, un soupçon de folie...


PS : promis, toute ces situations sont du vécu...

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