La différence, notre identité
« Sans la différence entre les hommes, l'identité de chacun disparaîtrait. C'est l'étincelle divine en chacun qu'il faut préserver. »
(Anonyme)
Une très belle phrase sur la différence.
Une phrase que je partage profondément.
Une phrase dont j’aimerais voir la traduction au quotidien.
Parce qu’aujourd’hui, on n’en est pas tout-à-fait là.
Parce aujourd’hui encore, la différence, ça sépare et ça enferme.
La différence, c’est honteux et ça exclue.
La différence, ça dérange, ça fait peur et c’est montré du doigt.
La différence, ça touche tout ce qui fait l’être humain : le physique, le comportement, la manière de penser, les choix professionnels, l’intelligence, les centres d’intérêt, les habitudes de vie…
Etre différent, c’est ne pas être dans la « norme ».
C’est ne pas être comme tout le monde.
C’est ne pas être dans la « case » dans laquelle on devrait être.
Un code non respecté et voilà, on est différent. On n’est pas « normal ».
La vérité, c’est qu’on n’est pas normal au travers du regard de l’autre.
Il n’y a pas de « normalité » dans l’absolu.
Elle n’existe que dans le jugement que l’homme a de l’autre.
Et moi, la différence, ça me touche.
Peut-être parce que j’ai un enfant différent.
Et peut-être aussi parce que moi-même, parfois, je me sens différente.
Parce que cette différence que je vis de l’intérieur, j’aimerais dire qu’elle est belle et que c’est elle qui fait la richesse de la vie.
J’aimerais qu’elle soit reconnue pour ce qu’elle apporte.
Pour son impertinence.
Pour tout ce qu’elle bouscule.
Pour son piquant et pour les surprises qu’elle provoque.
Car oui, la différence peut être un cadeau.
A condition qu’elle soit acceptée, accueillie, considérée.
A condition qu’on n’en ait plus peur.
A condition qu’on puisse enfin regarder une personne porteuse d’un handicap sans baisser les yeux ni la scruter à son insu.
A condition qu’on cesse de penser qu’un enfant qui est en échec scolaire est forcément en cancre.
A condition qu’on cesse d’exclure celui ou celle dont le poids, la couleur de peau, la forme de visage ou la démarche ne correspondent pas à ce que la société nous a dicté comme étant la normalité.
A condition que chaque adulte donne l’exemple à son enfant.
Parce que la différence, ça n’existe pas quand on est tout petit.
La différence ça n’existe qu’à partir du moment où l’enfant est suffisamment grand pour n’avoir qu’une seule envie, celle de se fondre dans la masse et d’être comme tout le monde.
A condition de comprendre enfin que la normalité ça nous enferme sérieusement.
Et quand on a compris ça, on peut enfin trouver le courage de ne plus s’épuiser à être comme les autres.
On peut enfin tenter de faire en sorte que notre différence soit ce qui nous rapproche et plus ce qui nous sépare.
Le chemin est long.
Il est douloureux.
Mais je suis à peu près sure qu’il en vaut sérieusement le coup.
« C'est instinctif, nous recherchons l'approbation. Mais il faut vous assurer que vos convictions sortent de ce qu'il y a de plus personnel en vous, même si les moutons bêlent et se choquent, même si on vous dit que vous faites fausse route, que c'est mal. C'est Frost qui a dit : « Dans la forêt, le chemin se sépare en deux, et là, je choisis toujours le moins fréquenté, et chaque fois je constate la différence. »
(Le cercle des poètes disparus)