SOS sabotage
« Le premier ennemi à combattre est à l’intérieur de soi. Souvent, c’est le seul. »
(Christine Orban)
Cet ennemi, en coaching, on l’appelle le saboteur.
Si l’on s’intéresse à la définition du verbe saboter, on y lit le fait de « détériorer ou détruire volontairement quelque chose », ou encore de « d’agir de manière à provoquer l’échec d’une action, à la neutraliser ».
Le saboteur, c’est exactement ce à quoi il sert. A nous neutraliser, à nous faire échouer dans nos projets, à nous maintenir dans le statu quo. Son objectif est de nous garder dans notre zone de confort, de tout faire pour que nous n’en sortions surtout pas. Car attention, être dans notre zone de confort ne signifie pas que c’est bon pour nous ni que cela nous rend heureux. C’est juste que c’est confortable parce que c’est ce que l’on connaît par cœur.
Mais qui est ce saboteur ? Qui est cet ennemi qui est en nous et qui nous oblige à faire du sur place ou pire, à reculer ?
Le saboteur est à l’intérieur de nous. C’est cette petite voix qui nous dit « je ne vais jamais y arriver », « je suis trop ceci », « je ne suis pas assez cela », « je ne suis pas fait pour ceci », « je ne suis pas suffisamment compétent », « je n’ai pas assez de temps », « ce que je fais n’intéressera personne », « c’est trop risqué »…
La liste est longue. Infinie sans doute.
Vous la connaissez bien cette petite voix. Elle est toujours là, plus ou moins intensément selon les moments, selon les circonstances.
Et ce qui est redoutable, c’est que le saboteur nous persuade que ce qu’il nous dit est pour notre bien. Par exemple, il met en lumière tous les risques que nous prenons quand nous souhaitons entreprendre quelque chose. Toutes les conséquences que pourrait avoir tel ou tel choix sur notre vie et sur celle de nos proches.
Bien-sûr, il a en partie raison, et il est important de prendre la mesure des risques que l’on court ou des conséquences que nos choix peuvent provoquer. Mais il est indispensable de faire le tri dans tout cela. De faire la part des choses entre les risques acceptables, et ceux qui sont de trop. Entre les conséquences que nous sommes prêts à assumer et celles qui sont bien trop importantes.
Quand on demande aux uns et aux autres de décrire leur saboteur, ou de lui donner un nom, il y a autant de réponses que d’auteurs. Parfois le saboteur prend l’identité de quelque chose qui ressemble à l’enfer, parfois il prend celle de la mère, ou du père, ou d’une autre personne à l’influence marquée. Mais ce qui est commun à toutes les descriptions, c’est cette noirceur, cette force avec laquelle le saboteur nous tire vers le bas, nous empêche de faire et d’être, nous retient en arrière.
Le saboteur est bien trop souvent un acteur de notre manque de confiance en nous. Parce qu’à force de nous préserver du risque, il nous fait manquer l’expérience. Il nous empêche d’oser, d’être créatif. Il nous fait nous préoccuper à outrance du regard des autres. Il nous fait croire que l’échec va nous détruire, alors qu’il peut être source d’apprentissage, d’expérimentation et de courage. A force de nous maintenir dans notre confort, le saboteur nous coupe les jambes.
Et il est tellement puissant qu’on finit par y croire pour de bon. On finit même par le confondre avec nous-même. A croire que l’on EST notre saboteur.
Alors pour parvenir à se détacher de notre saboteur et avoir une chance de vivre pleinement nos choix et enfin, d’avoir un peu moins peur, il faut identifier ce saboteur. Il faut l’observer. Ne pas le fuir ni tenter de l’ignorer. Car cela ne sert à rien. Simplement l’observer. Identifier à quel moment il apparaît. Dans quelles circonstances. De quelle manière il se manifeste. Ce qu’il nous dit. Comme il nous le dit. Quels sont ses arguments. Quels sont les points sur lesquels il appuie. Observer. Sans jugement. Sans action.
Et puis ensuite, il faut l’accepter. Même si ce n’est pas facile. Accepter cette part d’ombre de soi-même. Accepter que du noir puisse rejaillir de la lumière. Accepter que ce qui peut apparaître comme une faiblesse soit peut-être un allié.
Et enfin s’en servir. Comme un garde-fou. Comme quelqu’un qui nous connaît bien et qui est toujours un peu trop prudent. Comme un vieil ami qui tient un peu trop à nous et qui ne nous a pas vraiment vu grandir. Comme une main que l’on tient le temps d’apprendre à marcher parce qu’elle nous rassure, mais qu’on lâche quand on est prêt à se lancer tout seul tout en sachant qu’elle n’est pas loin pour nous rattraper.
Parvenir à faire la paix avec son saboteur n’est pas aisé. Je dirais même que c’est très compliqué ! Mais pas hors de portée.
Dites-vous bien que ce n’est pas du 100%. Qu’il y a des jours où, quoi qu’il arrive, il sera plus fort que vous, et que ce ne sera pas grave.
Mais il y a des jours (de plus en plus de jours) où, à force d’observation, d’acceptation et d’expérimentation, vous saurez faire la part des choses entre ce qui est juste et ce qui l’est moins. Entre les moments où il a raison, et ceux où il abuse. Entre ce qu’il prétend et la vérité.
Maîtriser son saboteur, le connaître, l’accepter et savoir l’écouter est essentiel. C’est ce qui nous permet de faire nos choix en toute conscience. De connaître notre valeur. D’assumer pleinement qui nous sommes.
« Ton ami te fait un château et ton ennemi un tombeau. »
(Citation Russe)