Au détour d'une rencontre

Au détour du petit port de pêche d’Essaouira un vieux pêcheur s’est approché de moi.

Il m’a parlé de sa vie, des jours où il y a tant de vent et de vagues qu’ils ne peuvent pas sortir. Il m’a raconté les bouleversements de la nature qu’il voit, impuissant, depuis toutes ces années à vivre si près d’elle. Il m’a montré cette mer près de laquelle il est né et qui, parfois, ne veut pas d’eux...

Il m’a entraînée dans le petit port, en faisant attention à chaque pas à ce que le vent ne me pousse pas vers l’eau. Il m’a expliqué les bateaux, les filets, les hameçons... il m’a présenté d’autres pêcheurs.

Il m’a emmenée auprès de ceux qui préparaient la pêche pour la nuit prochaine, les mains dans les sardines et dans le sel, le teint buriné par le soleil éternel.

Et puis il m’a dit « viens avec moi, j’ai une dernière chose à te montrer ». Et il m’a guidée vers un petit coin du port, sans doute le seul endroit où il n’y a pas de vent, là où tout est plus calme, là où les pêcheurs se reposent au soleil. Il m’a dit qu’à cet endroit-là, je pourrai revenir me reposer à mon tour, parce qu’après tout « tu es un peu d’ici toi aussi ».

Parce qu’ils sont comme ça ici. Le cœur ouvert et le sourire dans les yeux.