Et si vous décidiez d'écrire ? Comment commencer, et comment s'organiser ?
Pour bien démarrer l’année, et parce que je suis plongée dans l’écriture de mon quatrième roman, je tenais à vous parler d’écriture.
Cet article s’adresse à tous ceux qui, quelque part au fond de leur tête ou de leur cœur, rêvent d’écrire un jour un livre. Il s’adresse aussi à tous ceux qui sont curieux du sujet, ceux qui se demandent comment font les écrivains pour arriver à écrire un livre de trois cents pages.
Et bien justement, c’était ça ma grande crainte quand je me suis lancée : parvenir à tenir sur la durée. Ne pas abandonner au milieu de l’histoire.
On me pose souvent deux questions concernant l’écriture :
- Comment as-tu commencé ?
- Comment t’organises-tu ?
Je vais donc répondre à ces deux questions.
Comment j’ai commencé…
J’ai toujours eu envie d’écrire. Ou plutôt, j’ai toujours adoré écrire. J’étais l’une des rares à aimer les rédactions à l’école primaire et à la rédaction des cartes postales pendant les vacances. Adolescente, j’ai écrit des poèmes (j’ai toujours le cahier, mais je peux vous dire que c’est loin d’être du grand art…). Et puis j’ai toujours rêvé d’écrire un roman.
D’ailleurs, je me souviens d’un exercice auquel je me suis prêtée lors de ma formation de coaching. On devait travailler sur notre plus grand rêve. Le mien, c’était d’écrire un roman. Je me souviens de l’émotion qui m’a serré la gorge quand je l’ai dit au groupe. C’était la première fois que j’en parlais. Une collègue de formation m’a fait travailler sur le sujet, et elle a fait ressortir le blocage qui m’empêchait de commencer : la peur du jugement de l’autre. J’avais peur d’écrire des choses inintéressantes, ou mal faites. Du coup, je préférais inconsciemment ne rien faire. C’est tellement plus confortable de ne pas prendre de risque.
Et puis je suis restée là-dessus, avec mon rêve enfoui tout au fond de moi, mais toujours bien là.
Jusqu’au jour où, en mars 2013, alors que j’étais dans le TGV en direction de Bordeaux pour une mission professionnelle, j’ai ouvert mon ordinateur. J’ai tapé la première phrase de ce qui allait devenir mon premier roman, « Les tartelettes au citron ». A ce moment-là, je ne savais pas où j’allais (enfin si, à Bordeaux J, mais du point de vue de l’écriture, je n’avais aucune idée de ce que j’allais bien pouvoir écrire, ni du fait que j’en sois capable ou non).
En revanche je savais une chose qui, avec le recul, est certainement la plus importante : je savais pourquoi j’écrivais. Je savais quel message je voulais faire passer.
Alors j’ai inventé Camille. Je l’ai imaginée, dessinée dans ma tête. Je lui ai inventé une vie, une personnalité. J’ai écrit un premier paragraphe, puis un deuxième. Et puis en rentrant chez moi, j’ai continué. Et ainsi de suite. C’est comme ça que tout a commencé.
Comment je m’organise
Je n’ai pas de réponse toute faite à cette question. Parce que ça dépend.
On me dit toujours « ah oui, ça dépend de l’inspiration ».
Et bien non, pour moi ça ne dépend pas de l’inspiration. L’inspiration j’en ai toujours. En revanche, je manque cruellement de temps. Et parfois je manque de disponibilité intellectuelle ou émotionnelle. Donc je dirais que pour moi (parce que ça ne concerne que moi, un autre écrivain vous dirait peut-être tout le contraire), l’écriture dépend essentiellement du temps et de la disponibilité intellectuelle et émotionnelle que j’ai.
Le temps est une variable incontournable. L’écriture n’est pas mon métier (même si j’adorerais que ça le devienne !). Alors ça passe après tout le reste : le travail, les enfants, la maison, les lessives, etc.
La disponibilité intellectuelle et émotionnelle compte aussi. Parce qu’au retour d’une journée de travail particulièrement éprouvante, il est souvent difficile de se plonger dans l’écriture. Quand on a vécu un moment d’émotion compliqué (et comme j’ai une grande fille autiste asperger, ça a souvent été mon cas), on n’a plus suffisamment d’énergie.
Parce que l’écriture est exigeante. On ne peut pas tricher avec les mots. Elle puise sans les ressources. Elle épuise. Pourtant ça n’a l’air de rien : on est assis derrière son ordinateur pendant des heures et des heures. Mais ça pompe une énergie folle.
Pour en revenir à mon organisation, j’écris quand je le peux. Je dirais même dès que je le peux.
Mon premier roman, je l’ai écrit sans savoir où j’allais précisément. Autrement dit, je n’avais pas fait de plan. Ce qui signifie que j’inventais l’histoire au fil des chapitres. Comme je ne pouvais pas écrire tous les jours, et que parfois je ne pouvais pas écrire pendant des semaines, je devais reprendre mon manuscrit pour relire les chapitres précédents parce qu’entre temps, j’avais oublié où j’en étais. Du coup j’étais perdue dans l’histoire, dans mes personnages, dans tout. Vous l’aurez compris, niveau organisation, c’était plus que perfectible. Le résultat a été que j’ai mis deux ans à l’écrire.
Pour mon deuxième roman, « Ne sois pas trop sage », j’ai expérimenté une autre technique. J’ai pris un petit carnet que j’ai trimballé partout avec moi pendant plusieurs semaines. J’ai dédié une page à chaque chapitre, et j’ai bâti un squelette. En quelques jours, j’avais écrit toute la structure de l’histoire. Mais aussi les personnages, leurs personnalités, leur passé, et les liens entre eux. J’y voyais déjà beaucoup plus clair.
Et puis un jour, mon père m’a appelée en me disant qu’il avait entendu à la radio le témoignage d’un ancien policier qui avait écrit un roman entièrement sur son smartphone. Il m’a conseillé d’essayer et je me suis dit que ça me semblait super compliqué d’écrire sur un téléphone (des SMS ou des mails ok, mais un roman…), mais que ça me permettrait de gagner un temps fou en exploitant les moments « perdus » de la journée. Alors dès le lendemain j’ai essayé. J’ai dégainé mon IPhone dans le RER et c’était parti. Au début j’ai eu un peu de mal. Et puis très vite, je m’y suis faite. C’est comme tout, c’est juste une question d’habitude. J’écrivais chaque matin et chaque soir, dans le RER. Et puis j’écrivais aussi partout où j’avais besoin d’attendre. A l’époque, je courrais les salles d’attente des médecins avec ma fille, alors j’avais du temps à tuer. Et comme j’avais toujours sur moi carnet et téléphone, j’écrivais beaucoup plus régulièrement. Le résultat ne s’est pas fait attendre : en deux mois, le livre était terminé.
Depuis, j’utilise toujours la même méthode. Un carnet pour chaque livre, une page pour chaque chapitre.
Sauf que mon organisation n’est pas encore au top parce que bien souvent une page ne suffit pas. Alors je fais des traits et des renvois. J’écris dix pages plus loin. Et comme je ne me souviens plus où c’était je corne les pages. Et après je ne retrouve plus rien. Bref, je finis par être perdue dans mes carnets mais je suis sûre d’une chose : il y a tout dedans ! Il suffit juste de retrouver la bonne information au bon endroit.
Donc voilà. Ça c’est mon organisation (ou mon manque d’organisation je ne sais pas J).
Je suis sure que chacun a sa manière de faire. Certains utilisent des logiciels spécifiques dédiés à l’écriture. Pour ma part, je n’ai jamais essayé. Mon vieux Mac et Word me suffisent.
Je crois surtout qu’il faut oublier et ses peurs et oser. Je suis convaincue que la question de l’organisation est anecdotique. L’essentiel, c’est de se lancer. Et en vrai, il n’y a aucun risque à le faire. Sauf celui que ça marche.