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Et pour vous, ça veut dire quoi l’amitié ?


« Ce n’est pas tant l’intervention de nos amis qui nous aide, mais le fait de savoir que nous pourrons toujours compter sur eux »

Epicure


Rien à redire, cette citation est parfaite pour moi. Ou plutôt, elle est parfaitement adaptée à mon contexte actuel. Je n’ai jamais vraiment eu beaucoup d’amis. Je n’ai jamais été la chef de la bande, celle que tout le monde admirait, la fille à la mode avec qui il fallait être. J’étais plutôt discrète, un peu considérée comme l’intello, presque la fille inaccessible, un peu froide. Je ne sais pas trop pour quelles raisons j’ai toujours renvoyé cette image, et j’avoue que je ne me suis pas vraiment posé la question. Toujours est-il que l’amitié, ça n’a jamais été mon point fort et ça n’a jamais non plus été très naturel pour moi.


Depuis quelques années, mon expérience de l’amitié est différente. Je construis des relations fortes avec des personnes de tous horizons. J’en rencontre certaines dans le cadre professionnel, et d’autres dans des circonstances plus informelles, ou différentes.

Je crois que si je noue ces relations, c’est avant tout parce que j’aime les gens. J’aime l’humain. J’aime aider. J’aime être utile. Et j’aime que les relations aient un sens.

Pas juste se voir et parler de la pluie et du beau temps. Mais parler vraiment. Ecouter, se confier. Partager un morceau de vie. Partager un bout de chemin, même si ce n’est pas pour toute la vie. Partager des valeurs. Construire sur des points communs. Je ne sais pas pourquoi c’est comme ça maintenant. Peut-être parce que je me sens mieux dans ma peau, parce que j’assume un peu plus qui je suis. Ca m’aide certainement à m’ouvrir.


Enfin voilà, tout ça pour dire qu’en ce moment, je vis de très belles expériences d’amitié, même si j’ai parfois du mal à recevoir tout ce qu’on me donne.


Pour revenir à la citation d’Epicure, évidemment, l’aide de mes amis, anciens ou nouveaux, m’est précieuse. Ils me donnent du courage, de la confiance, des perspectives. Ils m’aident à concrétiser mes projets. Parfois à les construire. Ils m’inspirent, me bousculent, me soutiennent. Tout ceci est incroyable pour moi.

Mais le plus fort dans tout cela, c’est la certitude que j’ai de ne jamais être seule. Cette assurance que, quoi qu’il arrive, j’aurai quelqu’un sur qui me reposer.


J’en ai d’ailleurs eu la preuve. L’hiver dernier a été compliqué. Très compliqué même. Je suis tombée malade, j’ai dû changer de mode de vie pour guérir, j’ai fait des choix professionnels radicaux et risqués, j’ai fermé des portes pour en ouvrir d’autres sans savoir où tout cela me mènerait. Dans toutes ces épreuves, tout au long de ces mois de lutte et de doute, j’ai été soutenue, encouragée, épaulée. J’ai été appelée chaque jour, invitée à partager un thé, un diner ou une après-midi de détente. On m’a écoutée, on m’a permis de pleurer, on m’a conseillé, on n’a pas jugé mes choix. Sincèrement, ça a été incroyable, et même un peu nouveau. En tous cas j’ai vraiment mesuré la chance que j’avais d’être aussi bien entourée.


Mais pour être honnête, je n’ai pas pu m’empêcher de juger. Je me suis dit que c’était ça la vraie amitié. Et que tous les autres, ceux qui n’avaient pas fait tout ça, je ne pouvais sans doute pas vraiment compter sur eux. Je me suis trouvée dure, mais j’avais l’impression que c’était factuel, et que c’était donc la vérité.


Depuis, j’ai réfléchi à tout ça. Je me suis demandé ce que j’attendais de l’amitié. Je me suis aussi demandé comment j’aurais réagi si les personnes de mon cercle d’amis avaient vécu la même situation que moi, ce que j’aurais été capable de faire, à quel point j’aurais été capable de m’investir. Et je me suis demandé si tout le monde attendait la même chose de l’amitié.


Alors j’en ai parlé autour de moi. Et j’ai vite compris qu’on était loin d’une version universelle de l’amitié.


Il y a ceux pour qui l’amitié, c’est l’exclusivité. Tu es mon/ma meilleur(e) ami(e), alors tu m’appartiens et je t’appartiens. Je dois tout te dire et tu dois tout me dire. Tu dois tout faire avec moi, et tu ne dois surtout pas me faire d’infidélité en partageant des moments aussi forts que les nôtres avec quelqu’un d’autre. Je sais, j’exagère, mais à peine. En tous cas, ces amitiés-là sont très fortes, très fusionnelles. Elles sont inconditionnelles. Et c’est ça qui est beau.


Pour d’autres, l’amitié c’est s’amuser. C’est faire la fête. Ne partager que les bons moments. Boire une coupe de champagne et danser, se raconter le joli côté de nos vies. C’est le côté léger de l’amitié. Celui qui fait du bien et qui fait oublier les moments plus compliqués.


J’ai aussi appris que l’amitié c’est pouvoir tout partager. Les bons moments comme ceux qui sont plus difficiles. C’est être présent pour l’autre. Ecouter sans juger. Recevoir, et donner. Faire rire l’autre avec comme seul objectif de lui faire oublier pour quelques instants son chagrin.


J’ai aussi croisé des amitiés où ça ne marche que dans un sens. Où la relation est complètement déséquilibrée. Parce que ça s’est construit comme ça et qu’il est difficile de faire autrement quand chacun a pris ses marques. Après tout, tant que chacun y trouve son compte, tout est possible.


J’ai vu des amitiés improbables naître, ou d’autres qui se sont transformées en histoire d’amour.


J’ai vu des amis se trahir ou d’autres s’éloigner sans que ni l’un ni l’autre ne sachent vraiment pourquoi. J’en ai aussi vu se retrouver après de longues années.


Pour ma part, je ne crois pas que l’on puisse compter sur tous ses amis en toutes circonstances. Ou en tous cas pas de la même manière.

D’abord parce qu’on n’a pas tous la même définition de l’amitié.

Et ensuite parce qu’on est tous humains, et qu’on n’est pas toujours capable d’aider les autres à affronter certaines situations, ou pas disponible, ou pas suffisamment armé. Parfois on n’est pas en capacité de comprendre ce qui se passe réellement chez l’autre. Parce qu’on n’a pas vécu de situation semblable ou parce qu’on n’est pas aussi ouvert qu’on le croit…


Dis comme ça, ça semble assez ingrat. Surtout pour ceux qui pensent que l’amitié, la vraie, doit être inconditionnelle… Pourtant, c’est ce qu’on constate tous les jours. Et en vérité, ce n’est pas si grave que cela.

Parce que l’amitié, c’est comme tout le reste dans la vie. Ça va, et ça vient. Ça se construit, et ça se déconstruit. On passe tous par des phases où tout va bien, où on se sent suffisamment équilibré pour supporter les moments plus compliqués des autres. Et puis on traverse des périodes plus sombres où on a besoin de se recentrer sur nous-même, et où on n’est plus suffisamment disponible pour écouter, soutenir et encourager alors qu’on a déjà du mal à s’occuper de nous.

On a tendance à accuser nos amis qui sont un peu plus loin à certains moments de nous abandonner, de ne pas suffisamment s’intéresser à nous, d’être autocentrés ou même d’être un peu égoïstes. Mais savons-nous vraiment quelles sont leurs difficultés, quels sont leurs chagrins et à quoi ressemble leur vie à ce moment-là ? Pas toujours… Peut-être ont-ils d’ailleurs plus besoin de nous que nous avons besoin d’eux.


L’amitié, c’est comme tout le reste, c’est comme la vie. C’est un grand huit. C’est plein d’émotions. C’est plein de surprises. C’est plein de rencontres et c’est plein de séparations. C’est plein de coup de cœur et c’est parfois des déceptions.


Je crois que l’essentiel, c’est de savoir prendre du recul. Savoir ce qu’on attend de l’amitié. Ce qu’on attend de nos amis. On n’attend d’ailleurs pas toujours la même chose de tout le monde. Et c’est important de le savoir. Pour ne pas se tromper, faire les bons choix, avoir parfois de bonnes surprises et surtout ne pas être déçu.

Il me semble aussi que c’est important de savoir ce qu’on est prêt à donner. Parce qu’en amitié comme dans toute relation humaine, pour recevoir il faut donner.


Je crois aussi qu’il faut rester ouvert. A d’autres amitiés bien-sûr. Mais aussi à l’évolution des amitiés que nous avons parfois depuis de nombreuses années. Certaines se renforcent à l’occasion d’épreuves partagées. D’autres se fragilisent pour des raisons parfois évidentes ou, à l’inverse, parfois si discrètes qu’on n’arrive jamais à les connaître vraiment. Parfois nos choix de vie viennent ébranler des amitiés que l’on aurait juré éternelles. Et parfois ils en font naître d’autres toutes aussi magnifiques.


Je crois que l’important est de savoir que, quoi qu’il arrive, on trouvera toujours une personne sur qui compter. Je crois que l’important n’est pas de mesurer le degré d’amitié que l’on a envers chacun de nos amis ou que chacun de nos amis a envers nous, mais bien d’avoir conscience que l’on n’est jamais seul. Que parfois, nos « vrais » amis ne pourront ou ne voudront pas être présents, et que ce n’est pas grave, parce qu’ils le seront sans doute plus tard. Que ceux qui seront là sont parfois ceux que l’on ne soupçonnait pas. Que des amitiés qui se terminent laissent la place à d’autres parfois encore plus belles. Qu’il faut rester ouvert aux rencontres, à la différence. Qu’il faut être curieux de l’autre si on veut découvrir des pépites et se donner la chance de nouer d’autres liens, de construire d’autres histoires.


Alors qu’en est-ils de vous ?

Qu’attendez-vous de l’amitié ?

Qu’attendez-vous de vos amis ?

Quel ami êtes-vous ?

A quel point êtes-vous ouvert au partage, à la différence, à l’inconditionnel ?


Tout cela reste sans doute à méditer…

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